Non te ne voglio più/Je ne t’en veux plus

celia reggiani

(in italiano dopo la foto) “Tu m’as tellement manqué… un jour on s’est perdu, j’étais tellement déçue… Tu m’as tellement blessé sur le chemin au fil de ces années… Maintenant que tu es parti pour ton dernier voyage, je peux enfin te dire… ce que je n’aurais jamais pu te dire avant. Non te ne voglio più …”

 

J’écoute la musique et les paroles de Celia Reggiani avant de la rencontrer chez elle, en région parisienne, par un de ces après-midi “chauds” des manifestations qui se déroulent dans les rues de la capitale. Nous nous rendons cependant au rendez-vous fixé par notre ami commun Rambaldo, directeur artistique du festival Canzoni&Parol. J‘avais vraiment envie de faire la connaissance de cette femme sensible, intéressante, avec son ‘zaino’ rempli d’histoires et de musique. Son chien, Boulette, nous accueille joyeusement et nous attendons qu’elle termine son interview avec Viviana Di Piazza pour TopItalia, la radio des Italiens en France, puis, en buvant un bon café à l’arôme italien, Celia nous parle de sa carrière et de sa vie.

Celia est ‘figlia d’arte’ même si elle n’a pas bénéficié du statut réservé à ceux dont la carrière est facilitée par le nom d’un parent artiste. Quant à moi, je m’intéresse davantage à sa vie de femme et de musicienne qu’au fait qu’elle soit la fille d’une star française et internationale aux multiples talents. Cependant, nous commençons inévitablement notre conversation par la chanson que Celia a composée et chantée à la mort de son père, Serge Reggiani, parce qu’elle marque un tournant dans son parcours professionnel et personnel. Ses paroles émouvantes, chantées sur une mélodie qui rappelle la tradition de la chanson française mais avec des sonorités jazz, témoignent d’une distance que le célèbre acteur et chanteur a effectivement imposée à ses enfants après le suicide de Stéphane, l’aîné, se laissant envahir par la dépression, l’alcoolisme et la séparation d’avec sa famille. Après la mort de son père, Célia sent qu’elle doit enfin exprimer ses sentiments à l’égard de cette figure paternelle imposante et de sa longue absence et, pour la première fois, décide de chanter la mélodie et les paroles qu’elle a composées elle-même: C’est un vraie cheminement, un voyage dans mon existence de fille, de femme et de musicienne – dit Celia – qui m’a conduit à cette chanson, à mon retour précisément à Reggio Emilia, la ville natale de mon père, pour chanter, pour la première fois aussi en italien, “Je t’en veux plus”. Pour composer cette chanson je me suis assise au piano et tout s’est déroulé naturellement, comme si la musique avait toujours été là, en moi, attendant de sortir. À l’occasion du centenaire de sa naissance, Rambaldo a traduit la première partie en italien et j’ai donc chanté ma chanson sur mon père, dans sa ville d’origine.

Lors de ce concert, le 30 novembre, Celia a interprété en duo avec Pippo Pollina une chanson dédiée à Léo Ferré que l’auteur-compositeur-interprète sicilien émigré en Suisse avait composée en 1994 après la mort de l’artiste, avec une adaptation de George Moustaki. Un jour Celia rencontre Rambaldo dans un café à Paris et ils se mettent d’accord pour aller à Zurich: Pippo a adoré mon arrangement et c’est ainsi que j’ai décidé de me lancer dans cette aventure. Chanter en italien m’a permis de renouer les fils de mon enfance. Même si je ne parle pas bien l’italien, je me suis rendue compte que j’avais cette langue dans mes oreilles et mon coeur, ayant aussi lu Elsa Morante et Primo Levi, mais en chantant c’était différent, je devais faire attention à la prononciation. J’aurais dû chanter en anglais, langue plus appropriée à mon genre de musique, mais, même si je le parle couramment, je me sens comme sur une carte postale: ce n’est pas la langue qui vibre en moi. L’italien est plus facile à chanter que le français en raison de sa spécificité rythmique. Pour donner l’effet que je voulais, j’ai cependant dû baisser la partie en italien d’un demi-ton, sinon elle était trop criarde avec ses voyelles sonores alors que je voulais rester dans l’intimité des sentiments à exprimer.

J’ai demandé à Celia de retracer son parcours de femme et de musicienne, de raconter son histoire d’indépendance et de conquête, pas à pas, de son espace dans la scène musicale :

Cela n’a pas été facile, à la fois parce qu’objectivement le monde de la musique restait difficile d’accès pour les femmes, et parce que je me suis construite sans mon père qui ne savait rien de ce que je faisais dans ma vie et dans ma carrière. J’ai senti que je devais trouver ma propre voie, toute seule. La curiosité, l’ouverture d’esprit et le fait d’avoir été imprégnée dès l’enfance de mélodies, d’interprétation et d’un environnement international m’ont amenée à partir à la découverte de nouvelles sonorités, loin même physiquement de la France et de la chanson française.

Celia part ensuite pour New York où elle vit à Spanish Harlem pendant quatre ans, s’immergeant dans le monde de la musique jazz où elle rencontre, entre autres, Cassandra Wilson, Mulgrew Miller et Carter Jefferson, le saxophoniste de Woody Shaw. Ce sont les années de la construction d’un nouveau soi: elle apprend à s’exprimer couramment dans une nouvelle langue, est formée à la musique jazz qu’elle fusionne avec une formation classique et mélodique, et épouse Carter.Comme beaucoup d’étrangers, elle est obligée d’utiliser mille stratégies pour travailler, notamment l’utilisation de faux numéros de carte de santé. Ce sont des années intenses tant pour sa vie de jeune femme que pour son évolution musicale: je travaillais dans la musique sans que personne ne sache que j’étais une enfant de la balle; je voulais marquer la différence dans mon choix de musique avec mon histoire antérieure. Je voulais être autre chose musicalement: après tout, je voulais aussi échapper au silence de mon père, à son absence. J’y suis resté quatre ans, mais à la fin des années ‘80, la drogue a envahi le milieu des artistes new-yorkais, à tel point qu’il était devenu vraiment difficile de vivre parmi eux. J’ai donc décidé de revenir en France et de m’immerger dans la scèneparisienne mais internationale où les différentes cultures musicales se mélangeaient grâce aux  nombreux musiciens qui venaient du monde entier. Je me suis rendue compte que mon héritage paternel d’immigré était le fil qui me reliait à ce monde international. J’ai découvert et aimé la musique brésilienne déjà avec Moustaki, puis le jazz et la musique africaine. J’ai accompagné des musiciens et des artistes d’origines musicales et de cultures différentes.

Celia a beaucoup d’anecdotes à raconter sur son travail en France. Elle a joué avec le Cirque des Femmes, le groupe de jazz world fusion Ultramarine, Mônica Passos, Touré Kunda, Mokthar Samba et bien d’autres. Entre-temps, à l’âge de 35 ans, Celia a eu un fils Matteo avec Silvano Michelini, un musicien italo-brésilien. Matteo, aujourd’hui âgé de 29 ans, est un excellent guitariste et compositeur et a également accompagné sa mère sur son album Illimité.

Je reviens aux questions sur son enfance dans la maison familiale du sud de la France, fréquentée par plusieurs artistes célèbres, et sur son parcours après l’éclatement de ce beau conte de fées: parents séparés, deuil, cheminement de la jeune Celia dans les rues du monde:

Dans la belle maison de mon enfance entourée d’oliviers, à Saint Paul de Vence, je voyais passer de nombreux artistes qui faisaient partie de l’intelligentsia de gauche : musiciens, peintres, écrivains. Mes parents étaient très amis avec Francis Roux et sa femme Yvonne – originaire de Capri -, les propriétaires du célèbre hôtel “La colombe d’or”, où Yves Montand et Simone Signoret se sont rencontrés et mariés.

C’était l’âge d’or de mon père. Il était souvent en tournée, mais quand il était là, on voyait qu’il aimait la terre, les oliviers, et peut-être qu’il se sentait plus proche de l’Italie où il aurait aimé s’installer et avoir plus de succès. Il avait beaucoup d’habileté manuelle: il coupait les branches, il les sculptait. En général il était un homme plutôt angoissé. J’étais une enfant et j’ai réalisé que j’avais un père célèbre lorsque je suis entrée à l’école. Je suis l’aînée des trois enfants issus du second mariage de mon père. Ma mère, Annie Noël, était une actrice de théâtre et était en tournée en Argentine lorsqu’elle était enceinte. C’est pourquoi elle m’a appelée Celia. Puis sont nés mon frère Simon, comédien, et Maria, metteur en scène, ma mère donnait des cours de théâtre à l’époque. Bien qu’ils se soient séparés plus tard, en 1990, elle a accompagné les meilleurs moments de la carrière de mon père, comme en témoigne plus d’une centaine de lettres que j’ai retrouvées et qu’ils ont échangées de 1955 à 1972 environ. Lorsqu’il est parti, j’ai perdu mon père bien avant sa mort, en 2004.

La toute jeune Celia fréquente l’école de danse de Cannes où ses succès semblent la destiner à une carrière de danseuse. Lorsqu’elle s’installe à Paris, elle poursuit ses cours tout en suivant des leçons de piano avec Michèle Scharapan et de théâtre avec Vera Gregh et Tania Balashova. Elle prend de poids et elle souffre de l’environnement très strict du ballet et décide de s’orienter vers une carrière d’actrice. Elle débute avec Daniel Auteuil au Théâtre de Poche: Mais quand j’ai quitté le théâtre, j’ai été attirée par les concerts et les soirées musicales. Je suis allée écouter la pianiste brésilienne Tania Maria: j’étais fascinée par la musique. J’ai alors décidé de me concentrer sur le travail du piano et je n’ai jamais regretté ce choix même si c’est une carrière difficile. Je ne sais pas bien me promouvoir… Pour moi, la musique est mondiale et les émotions découlent de la mélodie et du rythme. Entre les paroles et la musique, c’est une histoire de vases communicants. Parfois, dans les chansons dites “à texte”, la musique est pauvre; pour moi, il est fondamental de pouvoir jouer les émotions.

Celia propose un autre café avant que nous nous séparions et la conversation se poursuit. Elle me parle de son grand-père antifasciste qui a fui Reggio Emilia pour émigrer à Yvetot, en Normandie, puis à Paris d’où il a continué à militer. Il travaillait chez un coiffeur. Les récits d’épopées, comme lorsqu’il est allé avec ses compagnons à la gare pour bloquer les fascistes qui partaient en Espagne soutenir les franquistes, sont ceux de Serge, car son grand-père ne pouvait plus parler à cause d’un cancer de la gorge.

Je lui parle du projet ‘Donne con lo zaino’, d’interviews avec la partisane Luciana Romoli, d’autres musiciennes et chanteuses, ou de la vie d’autres femmes contée dans notre blog et nos livres. Nous réfléchissons au voyage, à la vie, au ‘zaino’ en tant que bagage existentiel:

Grâce à la musique, j’ai beaucoup voyagé, non pas tant physiquement qu’à travers les rencontres avec d’autres cultures. Lorsque vous jouez et vous immergez dans la musique d’autres musiciens qui parlent d’autres langues, vous avez l’impression de voir le monde. Une fois, alors que j’accompagnais la chanteuse algérienne Souad Asla lors d’une tournée dans le Sud-Ouest de la France, après le concert, des gens sont venus dans sa loge et se sont mis à chanter des chansons “gnaoua”. J’avais l’impression d’être dans un village au bord du désert. Une autre fois, j’ai accompagné Trilok Gurtu et son groupe de musiciens indiens lors d’un voyage en minibus de Rome à Gênes. Je me souviens de ces longues heures de route comme d’un voyage en Inde: entendre parler la langue, écouter leur musique, leur jeu, leurs manières…

Je mettrais certainement ma chienne Boulette dans mon sac à dos ! J’aime les animaux, les promenades dans la nature. Les bêtes vivent dans une dimension qui rappelle l’enfance. Ils sont dans le présent comme les enfants. J’aime aussi travailler avec mes mains, je faisais des bijoux, maintenant je tricote. Après tout, c’est une façon de développer un fil, c’est faire des nœuds qui s’enroulent. La musique est aussi un tissage, une trame qui accueille le monde des émotions; c’est une véritable communication, un échange osmotique qui se crée avec le public, mais aussi et surtout avec les autres musiciens. La complicité qui naît sur scène ou en jouant avec d’autres est une forme d’amour, c’est un lien phénoménal.

Avec une grande générosité, Celia, avant de nous quitter, se met au piano pour jouer quelques morceaux: Si tu me paye un verre de Bernard Dimey et Je t’en veux plus, et je pense à la facilité avec laquelle cette pianiste extraordinaire a su fusionner les genres, les expériences, les héritages, les études et les morceaux de vie pour créer un art toujours en mouvement et qui reflète les différents moments de son existence. On sent la passion qui l’habite lorsqu’elle joue, compose, interprète et elle parvient à transmettre une émotion authentique. Nous nous disons au revoir, elle se prépare pour sa promenade avec Boulette. Je repars enrichie de cette heureuse rencontre et, en marchant mes deux kilomètres vers le tramway, je me surprends à fredonner: Je ne t’en veux plus…Tu m’as tellement manqué….

P.

celia reggiani
Celia Reggiani

foto di Charlotte Marette 

Mi sei tanto mancato…Ci siamo persi un giorno, che delusione…Mi hai tanto ferita lungo il cammino della nostra vita… Ora che sei partito per il tuo ultimo viaggio posso finalmente dirti…quello che non avrei mai potuto dirti prima. Non te ne voglio più …”

Ascolto la musica e le parole di Celia Reggiani, prima di incontrarla nella sua casa appena fuori Parigi, in uno di quei pomeriggi ‘caldi’ per le manifestazioni in corso nelle strade della capitale. Manteniamo comunque l’appuntamento preso dalcomuneamico Rambaldo, direttore artistico del festival Canzoni&Parole: ci tenevo molto a conoscere questa donna sensibile, interessante e con uno zaino pieno di storie e dinote. Ci accoglie festosamente Boulette, il suo cane, ed aspettiamo che termini la sua intervista con Viviana Di Piazza per TopItalia, la radio degli italiani in Francia, poi, bevendo un buon caffè dall’aroma italiano, Celia racconta la sua carriera e la sua vita.

Celia è figlia d’arte pursenza avere goduto dello statuto riservato a chi può avere la carriera facilitata grazie al nome del padre artista. A med’altra parte interessa soprattutto la sua vita di donna e musicista più del suo essere ‘figlia di una star polivalente nel firmamento francese e internazionale’. Partiamo però inevitabilmente dalla splendida canzone che Celia ha composto e cantato alla morte del padre, Serge Reggiani, perché è un punto di svolta nel suo percorso professionale e personale. Le sue paroleemozionanti, cantate su una melodia che richiama la tradizione della chanson française ma con sonorità jazz, testimoniano di una lontananza che il noto attore e cantante ha di fatto imposto ai figli dopo il suicidio di Stephane, il maggiore, lasciandosi travolgere dalla depressione, l’alcolismo e la separazione con la famiglia. Dopo la morte del padre, Celia sente di dover finalmente dare voce ai suoi sentimenti nei confronti di questa imponente figura paterna e dellasualunga assenza e, per la prima volta, decide di cantare la melodia e le parole da lei stessa composte:

È ‘un cheminement, un voyage’ nella mia esistenza di figlia, donna e musicista– afferma Celia- che mi ha portato a questa canzone, al mio ritorno proprio a Reggio Emilia, città d’origine di mio padre, per cantare, per la prima volta anche in italiano, ‘Je t’en veux plus’.

Mi sono seduta al piano e tuttoèsgorgato naturalmente come se la canzone fosse da sempre lì dentro di me aspettando di venire fuori. In occasione del centenario della nascita, Rambaldo ha tradotto la prima parte in italiano e così ho cantato la mia canzone su mio padre, nella sua città.

In quel concerto, il 30 novembre scorso, Celia si è esibita in duo con Pippo Pollina in un brano dedicato a Léo Ferré che il cantautore siciliano emigrato in Svizzera aveva composto nel ‘94 dopo la morte dell’artista, con l’adattamento di George Moustaki. Celia incontra Rambaldo in un caffè a Parigi e si accordano per andare a Zurigo: Pippo ha amato il mio arrangiamento ed è così che ho deciso di lanciarmi in questa avventura. Cantare in italiano mi ha permesso di riannodare i fili della mia infanzia; anche se non parlo l’ italiano bene mi sono resa conto che avevo la lingua nelle orecchie avendo anche letto Elsa Morante ePrimo Levi ma cantare era diverso, dovevo curare la pronuncia. Per essere più conosciuta nel mondo musicale avrei dovuto cantare in inglese ma, anche se lo parlo correntemente, mi sento come in una cartolina postale: mi suona falso perché non è la lingua che mi vibra dentro. L’italiano è più facile da cantare del francese per la sua specificità ritmica. Per dare l’effetto che volevo però ho dovuto abbassare di un semitono la parte in italiano altrimenti era troppo squillante con le sue vocali sonore ed io volevo restare nell’intimo dei sentimenti da esprimere.

Domando a Celia di ripercorrere il suo viaggio di donna e musicista raccontandola sua storia di indipendenza e conquista, passo dopo passo, del suo spazio nella scena musicale:

 Non è stato facile sia perché oggettivamente il mondo della musica restava di difficile accesso per le donne, sia perché mi sono costruita senza mio padre che non sapeva nulla di quello che facevo nella vita e nella musica. Sentivo di dover trovare la mia strada, da sola. La curiosità, l’apertura e l’essere stata comunque impregnata fin da bambina nelle melodie, nell’interpretazione e in un ambiente internazionale, mi ha portato a partire alla scoperta di nuove sonorità, lontano anche fisicamente dalla Francia e dalla chanson française.

Celia parte quindi per New York dove vive a Spanish Harlem per quattro anni immergendosi nel mondo musicale jazz dove incontra, tra gli altri, Cassandra Wilson, Mulgrew Miller e Carter Jefferson, il sassofonista di Woody Shaw. Sono gli anni della costruzione di una nuova sé: impara ad esprimersi correntemente in una nuova lingua, si forma nell’ambito della musica jazz che fonde con la formazione classica e melodica, si sposa con Carter. Come molti stranieri è costretta a usare mille strategie per lavorare come, ad esempio, usare numeri falsi della carta sanitaria. Sono anni intensi sia per la sua vita di giovane donna sia per la sua crescita musicale:Ho lavoravo nella musica senza che nessuno sapesse che ero figlia d’arte; volevo marcare la differenza nella scelta musicale con la mia storia pregressa, volevo essere altro musicalmente: in fondo volevo anche fuggire dal silenzio di mio padre, dalla sua assenza. Sono rimastaquattro anni ma poi, alla fine degli anni Ottanta, la droga ha pervaso l’ambiente degli artisti newyorchesi, tanto che era diventato davvero difficile vivere tra loro. Ho deciso così ditornare in Francia e mi sono immersa nella scena parigina ma internazionale dove le contaminazioni di varie culture musicali corrispondeva alla provenienza di molti musicisti approdati o di passaggio qui da ogni parte del mondo. Mi sono resa conto che il retaggio paterno di immigrato era il filo che mi legava a questo mondo internazionale. Ho scoperto e amato la musica brasiliana già con Moustaki, poi il jazz e la musica africana. Ho accompagnato musiciste/e e artiste/i di varie provenienze e culture musicali.

Celia ha molti aneddoti da raccontare del suo lavoro al ritorno in Francia; ha suonato con il Cirque des Femmes, il gruppo di jazz world fusion Ultramarine, Mônica Passos, Touré Kunda, Mokthar Samba e molti altri artisti. Nel frattempo, a trentacinque anni, Celia ha avuto Matteo da Silvano Michelini, musicista italo brasiliano. Matteo, ora ventinovenne, è un bravissimo chitarrista e compositore ed ha accompagnato la madre anche nel suo album Illimité.

Torno a chiederle della sua infanzia nella casa familiare nel Sud della Francia, frequentata da diversi artisti famosi, e del suo percorso dopo che la bella favola si è spezzata: i genitori separati, il lutto, la vita della giovane Celia nelle strade del mondo:

Nellabella casa della mia infanzia circondata dagli olivi, a Saint Paul de Vence, vedevopassaremolti artisti che facevano parte dell’intellighenzia di sinistra: musicisti, pittori, scrittori. I miei genitori erano molto amici di Francis Roux e sua moglie Yvonne -che veniva da Capri-, i proprietari del famoso hotel ‘La colombe d’or’,dove si sono incontrati e sposatiIves Montand e Simone Signoret.

Era l’epoca d’oro di mio padre che era spesso fuori per lavoro ma quando era lì si capiva che amava la terra, gli olivi e forse si sentiva più vicino all’Italia dove avrebbe voluto trasferirsi e avere più successo.Aveva molta manualità: tagliava i rami, li scolpiva; era fondamentalmente un uomo angosciato. Io ero una bambina e mi sono resa conto di avere un padre famoso solo quando ho iniziato la scuola. Sono la maggiore dei tre figli avuti dal secondo matrimonio di mio padre. Mia madre, Annie Noël, era attrice di teatro e si trovava in tournée in Argentina quando era in gravidanza; per questo mi ha chiamato Celia. Poi sono nati mio fratello Simon,che è attore, e Maria, regista; mia madre allora teneva corsi di teatro. Anche se poi si sono separati, nel ’90, lei ha accompagnato i momenti migliori della carriera di mio padre, come testimoniano più di un centinaio di lettere che ho trovato che si sono scritti dal ’55 al ’72 circa. Quando poi è andato via, ho perso mio padre molto prima che morisse, nel 2004.

La giovanissima Celia frequenta la scuola di danza a Cannes dove i suoi successi sembrano propendere per una carriera di ballerina. Quando si trasferisce a Parigi, continua i corsi prendendo anche lezioni di piano con Michèle Scharapan e di teatro con Vera Gregh e Tania Balashova. Ingrassa un po’ e supera il leggerissimo peso delle ballerine; soffredell’ambiente molto severo della del balletto e decide di orientarsi verso la carriera di attrice. Debutta con Daniel Auteuil al Theatre de Poche: Quando uscivo però dal teatro ero attirata dai concerti e dalle serate musicali, andavo a sentire la pianista brasiliana Tania Maria: ero affascinata dalla musica. Ho deciso allora di concentrarmi sul lavoro al pianoe non mi sono mai pentita di questa scelta anche se è una carriera difficile: io non so promuovermi…Per me la musica è mondiale e le emozioni sgorgano dalla melodia e dal ritmo. Tra testo e musica è una storia di vasi comunicanti: a volta nella canzoni cosiddette ‘a testo’ la musica è povera; per me invece è fondamentale poter suonare le emozioni.

 

Celia propone un altro caffè prima di lasciarci e la conversazione continua. Mi narra del nonno antifascista fuggito da Reggio Emilia per emigrare a Yvetot, in Normandia, e poi a Parigi per lavorare nel negozio di coiffeur da dove continuava il suo attivismo. I racconti di imprese epiche, come quando andava con i compagni alla stazione a bloccare i fascisti arrivati per partire in Spagna a supportare i franchisti, sono di Serge poiché il nonno non parlava quasi più a causa di un cancro alla gola. Le raccontodel progetto delle donne con lo zaino, delleintervistealla staffetta partigiana Luciana Romoli, ad altre musiciste e cantanti o delle vite di altre donne contenute nel nostro blog e nei libri. Riflettiamo sul viaggiare, sulla vita, sullo zaino come bagaglio esistenziale:

Attraverso la musica ho viaggiato tantissimo non tanto fisicamente quanto per gli incontri con le altre culture: quando suoni e ti immergi nelle musica di altri musicisti che parlano altre lingue, ti sembra di vedere il mondo. Una volta, mentre accompagnavo la cantante algerina Souad Asla in una tournée nel Sud Ovest della Francia, dopo il concerto vennero delle persone nella sua loggia e cominciarono tutte a intonare canti gnawa: mi sembrava di stare in un villaggio alle porte del deserto. Un’altra volta, ero in tournée in minibus da Roma a Genova accompagnando Trilok Gurtu e il suo gruppo di musicisti indiani. Ricordo quelle lunghe ore sulla strada come fosse stato un viaggio in India: sentire parlare la lingua, ascoltare le loro musiche, i giochi e i modi di fare…

Nel mio zaino metterei senz’altro il mio cane Boulette! Adoro gli animali, passeggiare nella natura. Gli animali vivono in una dimensione che ricorda quella dell’infanzia: sono nel presente come i bambini. Amo anche lavorare con le mani, prima fabbricavo bijoux, ora faccio la maglia: in fondo è un modo per sviluppare un filo, è fare dei nodi che avvolgono. Anche la musica è un intreccio, una trama che accoglie nel mondo delle emozioni; è una vera comunicazione, uno scambio osmotico che si crea con il pubblico, ma anche e soprattutto con gli altri musicisti. La complicità che nasce sulla scena o suonando insieme ad altri è una forma di amore, è un legame fenomenale.

Con grande generosità Celia,prima di lasciarci, si metteal pianoper suonare un paio di brani: Si tu me paye un verre di Bernard Dimey e Je t’en veut plus e penso alla facilità con cui questa straordinaria pianista ha saputo fondere generi, esperienze, retaggi, studi e pezzi di vita per creare un’arte sempre in movimento che riflette i diversi momenti della sua vita. Si percepisce la passione che la attraversa quando suona, compone, interpreta e come riesca a trasmettere un’autentica emozione. Ci salutiamo mentre si prepara per la sua passeggiata con Boulette; mi allontano appagata per questo felice incontro e, camminando i miei due chilometri verso il tramway, mi trovo a canticchiare tra me: Je ne t’en veux plus…mi sei mancato tanto

P.

 

 

Author: Patrizia D'Antonio

Blogger, writer, teacher, traveller...what more? I love to meet and share with people. In my spare time I like reading, swimmming, cycling, listening and playing music . I was born in Rome but I live in Paris  

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