(en français après la photo)
Vous avez des enfants?-demande-t-on à son père.- Non, j’ai deux filles.
Così inizia il romanzo Fille di Camille Laurens, purtroppo non ancora tradotto in italiano; certamente alcune delle parole contenute, oggetto di riflessione sul tema del genere, possono porre problemi ai traduttori. Perché garce ha una connotazione negativa pur avendo origine dalla versione femminile di garçon? Si chiede ad esempio l’autrice insieme ad altre osservazioni sul linguaggio di genere e non solo che emergono in questa sorta di autobiografia romanzata. Garçon, c’est un constat. Garce, c’est un jugement. (‘ragazzo’ è una constatazione, ‘donnaccia’ è un giudizio).
Camille Laurens, nata a Rouen nel 1959 da una famiglia borghese (padre medico e madre casalinga), è una scrittrice che amo molto perché sa raccontare i vissuti ed i pensieri più intimi nelle relazioni complesse, con autenticità e sensibilità. In questo libro rende egregiamente il percorso di autocoscienza di una ragazzina che molto presto si rende conto del ruolo e della posizione inferiore assegnata alle donne nella società. In modo diretto, ma ancor più in maniera implicita, fin da bambina assimila la differenza di genere inculcata dall’educazione dei genitori e dall’ambiente circostante. Il linguaggio familiare (come nell’incipit), la scuola, e altri luoghi educativi formali e informali concorrono a formare un’autostima e un’ambizione ridotta e deviata nelle ragazze e future donne. Inizia allora il percorso di autoriflessione e di conseguenza di liberazione per tutte quelle donne che, come l’autrice, si interrogano sulla loro posizione nella società e quale origine abbia la difficoltà per molte di loro, ancora oggi, di emanciparsi.
Questo libro mi ricorda un testo fondamentale per il mio percorso (e quello di tantissime donne della mia generazione): Dalla parte delle bambine di Elena Gianini Belotti. La sua lettura fu fondamentale per l’adolescente ribelle che ero, insofferenze alle ingiustizie sociali e di genere nella società italiana degli anni Settanta. Personalmente non ho dubbi sul potere dei libri nell’accompagnare un percorso esistenziale e questo è per me uno dei testi che avvalora questa convinzione.
Forse è il fatto di essere coetanea di Camille Laurens ed avere un vissuto comune (anche se in Paesi e lingue diverse) che mi ha reso la lettura di Fille così marcante. Si avverte d’altra parte, nel lavoro dell’autrice, anche il desiderio di testimoniare e trasmettere alle giovani generazioni un percorso comune a tante di noi che hanno lottato e che ancora lottano per essere riconosciute. Portando alla luce il problema dell’educazione dei giovani, dei valori che emergono in modo più o meno evidente oggi nei media e nei social ad esempio, la scrittrice racconta l’evoluzione della società francese negli ultimi quarant’anni su questo tema. Il discorso fluido, quasi un flusso di coscienza che posa lo sguardo su dettagli che si tende a dimenticare ma che sono fondamentali nella crescita personale, riporta i momenti chiave nel passaggio dall’essere bambina, adolescente e poi giovane donna. Passaggi nei quali le aspettative e l’immagine di sé si confrontano con quelle del mondo esterno entrando in collisione. Camille Laurens racconta tutto questo con uno stile e una scrittura intima, potente, coinvolgente. Da leggere assolutamente, uomini e donne…
P.

Vous avez des enfants?-demande-t-on à son père.- Non, j’ai deux filles. C’est l’incipit du roman Fille de Camille Laurens, qui n’a pas été encore traduit en italien; bien sûr certains mots du texte, objet de réflexion sur le thème du genre, peuvent poser des problèmes aux traducteurs. Pourquoi garce devient un insulte dans sa version féminine alors que garçon ne l’est pas? Garçon, c’est un fait. Garce, c’est un jugement C’est un exemple des questions que l’auteur pose sur l’usage de la langue dans ce roman autobiographique.
Camille Laurens est née à Rouen en 1959 dans une famille bourgoise (père médecin et mère au foyer) est une auteure que j’aime beaucoup pour sa capacité à raconter son vécu et ses réflexions intimes sur les relations, avec authenticité et sensibilité. Dans ce livre, elle raconte très bien le chemin de la conscience de soi d’une jeune fille qui se rend très vite compte du rôle et de la position inférieure assignée aux femmes dans la société. De manière directe, mais encore plus implicite, dès son enfance, elle assimile la différence de genre inculquée par l’éducation des parents et par le milieu environnant. Le langage familial (comme dans l’incipit), l’école, et d’autres lieux éducatifs formels et informels concourent à former une estime de soi et une ambition réduite et déviée chez les filles et les futures femmes. Commence ainsi le parcours d’autoréflexion et par conséquent de libération pour toutes les femmes qui, comme l’auteure, s’interrogent sur leur position dans la société et quelle origine a la difficulté pour beaucoup d’entre elles, aujourd’hui encore, de s’émanciper.
Ce livre me rappelle un texte fondamental pour mon parcours (et celui de tant de femmes de ma génération) : Du côté des filles d’Elena Gianini Belotti. Sa lecture fut fondamentale pour l’adolescente rebelle que j’étais, qui ne supportait pas les injustices sociales et de genre de la société italienne des années 1970. Personnellement, je n’ai aucun doute sur le pouvoir des livres pour accompagner un parcours existentiel et ce texte est pour moi la preuve qui confirme cette conviction.
C’est peut-être le fait d’avoir la même âge de Camille Laurens et d’avoir un vécu commun (bien que d’origine et langues différentes) qui a rendu la lecture de Fille si marquante pour moi. D’autre part, on comprend, dans le travail de l’auteur, le désir de témoigner et de transmettre aux jeunes générations un parcours commun à beaucoup d’entre nous qui ont lutté et qui luttent encore pour être reconnues. Mettant en lumière le problème de l’éducation des jeunes, des valeurs qui émergent de manière plus ou moins évidente aujourd’hui dans les médias et les réseaux sociaux par exemple, l’auteure raconte l’évolution de la société française sur ce thème depuis quarante ans. Le discours fluide, presque un flux de conscience qui pose son regard sur des détails qu’on a tendance à oublier mais qui sont fondamentaux dans la croissance personnelle, ramène les moments clés dans le passage de l’enfance, l’adolescence pour devenir une jeune femme. Étapes dans lesquelles les attentes et l’image de soi se comparent à celles du monde extérieur en entrant en collision. Camille Laurens raconte tout cela avec un style et une écriture intime, puissante, engageante. À lire absolument, hommes et femmes…
P.